Récit accouchement Morgan
*Les personnes de l’histoire :
– Nico, mon chéri (et beau-père de ma fille)
– Maxyne, ma fille de 5 ans et demi
– Marion, la sage femme
– Jennifer, l’auxiliaire puéricultrice
Samedi 5 juin 2021
Ce matin, réveil avec un léger saignement, je me dis que le col travaille et que c’est plutôt bon signe. Je propose à Nico et Maxyne de manger en ville, il fait beau et un petit resto en terrasse me tente bien ! J’appelle pour réserver et hop nous voilà prêts pour aller en ville et profiter tous les 3 ! On se dit que ce sera sûrement la dernière fois. On y est vers 12h30, on prend le temps de manger tranquillement puis on va à la Fnac et chez Nature et Découvertes où j’ai des contractions qui me demandent de stopper ma marche à chaque fois. Je sens bien qu’elles se sont intensifiées et elles me semblent assez régulières. On reprend la voiture pour rentrer à la maison puis je propose un arrêt pour 2-3 courses rapides au Carrefour Market (où je peux enfin acheter des dattes qui n’auront finalement jamais servies !) On rentre vers 16h où je commence à mettre l’appli des contractions en marche. On fait la sieste. Il est 16h45, j’ai bien récupéré, cette sieste m’a fait un bien fou et j’ai eu 2 contractions qui m’ont réveillée, la régularité semble être chaque 15 minutes. Très rapidement à 17h ça passe à 8 minutes. J’envoie rapidement un message au papa de Maxyne pour savoir s’il est dispo pour la garder et lui dire que Nico l’amènera si besoin après le repas. A ce moment-là, je ne sais pas pourquoi mais je n’étais pas sûre d’être en travail. Cool il est dispo, ça facilite l’organisation au cas où.
18h30 je prends une douche, j’essaie de m’auto-examiner mais je n’arrive pas à trouver mon col, il me semble encore bien loin donc je me dis qu’il est encore postérieur et que j’ai encore du temps. Je sors de la salle de bain et rejoins Nico et Maxyne à qui j’avais promis un petit dessin animé à regarder tous les 3. Je n’arrive pas à suivre l’épisode des lapins crétins, je ne comprends rien à l’histoire, je trouve ce dessin animé totalement absurde et les contractions qui commencent à être bien présentes m’empêchent de me concentrer.
19h15 : Nico et Maxyne mangent et moi je peine à avaler quelques feuilles de salade, d’avocat et biscotte entre les contractions qui reviennent toutes les 4-5 minutes et mes allers retours au toilette. Je dis à Nico que je me ferai un œuf au plat plus tard quand Maxyne sera chez son père et quand j’aurai moins mal au cœur, histoire que je puisse prendre des forces. D’ailleurs la poche vient de fissurer et sur le moment ça m’allège un peu, la pression était trop forte en bas depuis le début et ça me gênait. Retour au toilette pour vérifier et ouf c’est bon, ça n’a pas beaucoup coulé (je crois que sur le moment j’ai eu peur que ça s’intensifie d’un coup ou qu’on doive vite filer à la maternité).
Bon là je me dis que c’est certain, c’est pour bientôt et que dans tous les cas il faudra aller à la maternité dans les prochaines heures. Je commence à regrouper les affaires qu’il faut prendre avant de partir mais je suis éparpillée et j’ai du mal à suivre la check-list.
20h : ça passe à 3 minutes. Bon maintenant il faut que je me concentre fort, je prends des positions bizarres, bouge mon bassin, m’accroupis ou me penche en avant pour passer les contractions, je pense aussi régulièrement à détendre ma mâchoire plutôt que de serrer les dents. Nico me masse et ça soulage énormément !
Allez go go go, faut que Maxyne aille chez son père et que moi je file encore une fois aux toilettes puis dans le bain, ça va sûrement m’aider le temps que Nico revienne. Maxyne part en pleurant, elle voulait rester avec moi et avec le recul je pense qu’elle ne comprend pas trop pourquoi c’est un peu devenu la panique entre les valises et cette douleur dans mon ventre qui part et qui revient. Ça me déchire le cœur de la voir partir en pleurant mais là faut qu’on avance et je sens que j’ai besoin d’être seule. Direction le bain où il n’y avait qu’un fond d’eau que Nico m’avait fait couler avant de partir, je n’ai même pas la force de rajouter de l’eau, je me tortille dans tous les sens pour passer la douleur, mes jambes tremblent mais je ne lutte pas, je me laisse porter par l’intensité puis j’ai besoin de vocaliser des « ouuu » C’est la dernière fois que j’ai utilisé l’appli, les contractions reviennent chaque 2-3 minutes et durent environ 1 minute. Pétard je douille et c’est sacrément rapproché !!! Comment je vais faire pour supporter encore 30 min de voiture jusqu’à la maternité et pouvoir tenir là-bas encore avec une telle intensité ? Nico revient, me retrouve tremblante dans le bain et je sens que ça commence à l’inquiéter. De mon côté, j’ai mal mais je me sens bien malgré tout, je sais que tout va bien. Il me rajoute spontanément de l’eau dans le bain et me donne le pommeau où je fais couler le jet sur mon ventre et la poitrine. Ça m’aide beaucoup, je ne peux pas et ne veux surtout pas arrêter l’eau.
Il revient avec la check-list des choses à mettre dans la valise en dernière minute et me dit qu’il va falloir y aller. Je ne sais plus vraiment ce que je réponds à ses questions ni même si je réponds d’ailleurs. Mais pourquoi il fait ça maintenant en fait ?! Il appelle la maternité qui nous attend pour dans 30min.
Je sais d’avance qu’on ne sera pas dans les temps, je n’ai pas envie de sortir du bain et de toute façon c’est trop difficile, je n’ai pas envie que ce soit pire.
Bon ok, je ne peux pas rester éternellement dans le bain non plus, il faut y aller avant que ce soit pire, entre 2 contractions j’avance très peu, je sens le stress monter chez Nico qui commence à sérieusement me presser pour partir. Après ce qui me semble être un effort surhumain de sortir du bain, me sécher et m’habiller, je tiens absolument à me brosser les dents avant de partir, ce qui exaspère Nico qui ne comprend pas pourquoi je perds encore du temps ! Ouf ça y est, 10 min après on est enfin en route pour la mater, il est environ 21h15. Je m’installe à l’avant et me dépêche de mettre une alèse sur le siège avant la prochaine contraction au cas où. Les contractions en voiture sont difficiles à gérer, yeux fermés et cramponnée à la poignée du plafonnier (mais bizarrement je me dis que ça aurait pu être pire) et Nico me fait des massages du dos à une main tout du long.
On arrive enfin un peu avant 22h et là je sens que ça coule (je me dis que j’ai bien fait de mettre l’alèse !), c’est du sang qui fait un peu paniquer Nico (qui ne me dit rien sur le moment). De mon côté j’arrive sans stress, je sais que le sang est normal, j’ai confiance en mon corps et mon bébé, j’ai juste hyper mal et je gère les contractions accroupie comme je peux en attendant qu’on nous ouvre la porte des urgences. Je veux juste que les sf me disent que le travail est suffisamment avancé parce que là je ne tiendrai pas longtemps comme ça !
J’y vais dans un fauteuil roulant donné par le vigile après une contraction, les sf se présentent Marion et Jennifer (auxiliaire puéricultrice) et me disent que je suis la seule, qu’elles ont lu notre projet de naissance et donc qu’elles vont pouvoir s’occuper de moi toutes les 2 (super nouvelle !) Nico doit retourner garer la voiture, il file en vitesse. Sans surprise, Marion m’explique qu’elle doit me mettre le monito et qu’il faut aussi faire la perf d’antibio car je suis positive au strepto B. Elle me demande si je veux mettre la chemise de nuit de l’hôpital et si je veux savoir où j’en suis. Je crois lui dire oui à ce moment-là. Elle me demande comment je veux accoucher et je lui réponds que je ne sais pas. Entre temps j’ai des contractions et je lui demande de me masser, ce qui repousse un peu le protocole. Ça fait beaucoup d’infos pour mon cerveau qui a du mal à tout processer. Mais je reprends mes esprits, oui je veux savoir où j’en suis ! Le monito et la perf attendront ! 7 et la tête est bien basse ! Ok cool, j’en attendais pas moins. Marion me dit que c’est super, que le travail avance bien ! Je veux aller faire pipi avant de retourner en salle nature, je me rappelle avoir lu que ça peut aider à faire de la place. Je perds pas mal de sang, on peut me suivre à la trace, j’en mets absolument partout ! Je crois qu’à ce moment-là je suis à poil à déambuler jusqu’aux toilettes mais aucune importance pour moi qui suis pourtant assez pudique d’habitude ! Nico revient et m’aide avec une contraction aux toilettes et nettoie tout derrière moi. Je lui dis de demander aux sf de me faire couler un bain ! Je retourne en salle nature où je me jette sur le lit en attendant que le bain soit prêt (et j’entends Jennifer au loin dire que je n’aurai peut-être pas le temps d’y aller), couchée sur mon côté gauche pour passer les contractions, la pression sur le sacrum me soulage, par contre il faut arrêter quand la contraction est partie. Je me souviens m’être demandée si le fait d’appuyer en bas du dos et sur le coccyx n’empêchera pas le bébé de passer ? Je crois que Marion m’installe le monito en me disant qu’elle ne le serre pas trop pour ne pas m’embêter, je lui en suis reconnaissante sans pouvoir l’exprimer et je ne ferai pas du tout attention à lui, à aucun moment il ne m’a gênée. Je dis que je n’en peux plus, que j’ai trop mal, j’entends la sf dire que je suis à dilatation complète (je crois qu’elle a fait un toucher pour vérifier mais j’étais trop loin pour réaliser), tout le monde m’encourage et elle me dit de pousser si ça m’aide. Cette phrase qu’elle a répété plusieurs fois m’a beaucoup motivée (donc j’ai poussé quasiment tout du long parce que oui ça m’aidait à relâcher cette pression dans le périnée !). Après quelques poussées où les sf me remontaient la jambe pour ouvrir l’arrière, l’une d’elle me demande si je sens bébé descendre dans le bassin et comme c’est non, je n’ai pas cette sensation, j’ai l’impression de pousser dans le vide, elle me propose la position 4 pattes que j’accepte, c’est vraiment une bonne idée et là ça marche beaucoup mieux instantanément. Ben oui, la gravité c’est imparable évidemment, je ne sais pas pourquoi je n’y ai pas pensé avant. Je crois qu’elle profite de ce moment où je me retourne pour me poser la perf d’antibio. J’ai vraiment conscience de ce que doit faire mon corps et par où le bébé doit passer, je visualise les étapes de sa sortie. Je grogne, je hurle, je suis un animal sauvage, je m’entends au loin et me demande d’où vient la puissance de ces cris ! Chaque cri doit effrayer tout le monde mais ça me donne du courage et de la force pour pousser et me faire lâcher prise. Je crois que je n’ai jamais crié aussi fort de toute ma vie, c’est hallucinant. Je pense aussi à essayer de détendre mon visage, bien respirer plutôt que haleter (j’ai l’impression que c’est le cas par moment) et ne pas serrer la mâchoire ! Jennifer tient le monito contre mon ventre pour ne pas perdre le signal, je me concentre sur les battements du cœur de bébé que j’entends par bribes, tout semble ok, ça me rassure. À chaque contraction je pousse fort et la tête finit par s’engager dans le vagin, olalaaa comme ça brûle ! Je leur demande si elles voient la tête mais non pas encore ! Punaise mais c’est possible d’avoir encore plus mal ?! Je me prépare à avoir encore plus mal et à être encore plus gênée par cette sensation de tête entre les jambes mais je sais que c’est la fin, je dois tout donner et je me dis que je suis en train de le faire sans péri pour de bon ! Maintenant j’ai hâte que chaque contraction arrive pour en finir avec cette douleur de périnée qui s’étire. Prochaine contraction, je sors une partie de la tête que je peux toucher avec une main (étrange sensation de mou et visqueux qui me donne des forces pour sortir ce bébé. À cet instant je pense aussi à Maxyne pour qui je n’avais pas osé toucher la tête et je le fais aussi pour elle à ce moment-là) et sans surprise ça brûle et ça gêne encore plus mais je sens que ça a bien avancé. Dernière contraction, la tête passe mais Marion me dit d’arrêter de pousser car il y a sa main (je ne comprends pas de quoi elle parle sur le moment) donc je ne pousse plus et dès que j’ai son feu vert 5 secondes après, Morgan sort dans un grand splotch qui arrose tout le monde !
OMG il est 22h41, ça y est c’est fini, les sf me disent de me mettre sur le dos et elles posent mon bébé sur moi, j’ai du mal à atterrir et suis comme sonnée de l’intensité. Whaooww je n’en reviens pas, je l’ai fait !!! Morgan est sorti en superman avec une main contre son visage. Ca y est, on est parent de ce petit bébé à qui je dis : c’est toi qui étais dans mon ventre tout ce temps 😍. Le cordon est clampé après l’arrêt des pulsations mais on attend avant de couper. Je refuse la perf d’ocytocine et le placenta sort 8min après en une contraction. Quelle délivrance ! Il est entier tout va bien. Une fois sorti, je me penche vers l’avant pour voir Nico couper le cordon. Je demande à ce moment-là une empreinte du placenta sur une feuille blanche, c’était pas prévu mais j’en ai eu finalement envie. La sf m’examine et j’ai une déchirure et quelques éraillures. Je dis que je suis douillette et que je ne veux plus qu’on me touche mais les sf rigolent en me disant qu’elles ne veulent pas entendre ce mot dans ma bouche et que je peux le bannir de mon vocabulaire 😅. Du coup, je demande si elles ont du spray anesthésiant pour me recoudre, elles n’ont que la piqûre. J’hésite, la sf teste sans la piqûre mais ça fait mal et ça risque d’être un peu long donc je suis ok pour qu’elle la fasse, je veux qu’on me laisse tranquille. Elle en fera finalement 3 pour que je ne sente plus rien et je refuse un dernier point a faire à vif pour une éraillure. L’ambiance est vraiment bonne, euphorique même et j’ai l’impression qu’on parle et rigolent tous un peu fort pendant les soins. Les sf me félicitent et me remercient de leur avoir offert un si bel accouchement comme elles aimeraient en vivre plus souvent ! Je les remercie à mon tour évidemment, elles ont été tellement au top !
On profite du peau à peau dans un grand moment de calme, quel moment magique et hors du temps ! On découvre notre bébé, il met du temps à faire sa 1ère tétée mais il est pleinement éveillé, il est tellement beau ! On se repasse cette séquence émotions avec Nico à plusieurs reprises selon le vécu de chacun. On est tous les deux fiers de l’avoir fait et que tout se soit si bien passé ! Ce moment ressemble à un rêve, on était baignés d’hormones à ce moment-là, les souvenirs sont très diffus. On a pu rester 2h tous les 3 après les soins, c’était magique ! Je demande à Nico un resserrage du bassin avant de me lever pour remonter en chambre en fauteuil avec mon bébé dans les bras. Les sf m’ont fait signer quelques documents avant de remonter et j’ai pris conscience qu’il ne s’était écoulé que 45min entre le moment où on est arrivés et la sortie du bébé ! Incroyable comme cet accouchement aura été finalement rapide une fois sur place et très intense !
Mélanie